vendredi 12 mai 2017

Savagnin ou Naturé ? Les deux


Jusqu'au milieu des années 90, les Savagnins ouillés étaient rares dans le Jura. Traditionnellement, les vins étaient tous "oxydatifs" à des degrés plus ou moins importants selon la durée de l'élevage. Lorsque les vins ouillés ont fait leur apparition, il a fallu trouver une façon simple de les différencier sur l'étiquette. Chez beaucoup de producteurs, le cépage mentionné sera le Savagnin si le vin n'est pas ouillé, et Traminer ou Naturé si le vin est ouillé.  

C'est cette "règle" qu'a suivie Valentin Morel pour distinguer ses deux cuvées de Savagnin : le Naturé 2015 est un vin ouillé, alors que le Savagnin 2014 ne l'est pas. Comme la vie est bien faite, Le Naturé est nature (sans sulfites ajoutés) alors que le Savagnin ne l'est pas totalement (30 mg/l avant l'entonnage). 



La robe est or pâle, brillante. 

Le nez est fin et intense, sur des notes de fruits blancs séchés (pomme, poire), de coing, de fleur de tilleul, avec une pincée d'épices.

La bouche est élancée, avec une acidité fine, percutante et traçante qui se prolonge au-delà même de la finale. Elle est enrobée d'une matière ronde, pulpeuse, très légèrement tannique, avec une aromatique intense fruitée/épicée.

La finale est puissante, avec une mâche crayeuse délicieusement astringente, tonifiée par l'acidité évoquée au paragraphe précédent, sur des notes de "pomme tapée" aux épices. 




La robe est quasi identique malgré l'absence d'ouillage.

Le nez est aérien et délicat sur la noix légèrement grillée relevée d'une pointe de fenugrec. 

La bouche est ample, elle aussi aérienne, avec une tension très douce mais implacable (faut le boire pour comprendre...) et une énergie rayonnante d'une rare zénitude (itou...). Un équilibre qui relève du diabolique de l'angélique. 

La finale repose sur la même dialectique schizophrénique : c'est très puissant (en terme de goût et de texture) et en même temps d'une douceur rassurante, cocooning style. Avec une aromatique tournant toujours autour de la noix et du fenugrec, mais aussi sur la croûte de pain de campagne, le vieux comté. Magique...

Un joli oxydatif d'initiation, car pas marqué par ces notes d'éthanal et d'alcool à brûler qui peuvent décourager le novice. 

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