jeudi 14 septembre 2017

Troublante loulou...


La journée démarrait plutôt normalement, et puis j'ai rencontré LouLou. Loulou, c'est le prénom évocateur par excellence. Ça vous fait penser à Pialat, avec un Depardieu et une Huppert tous jeunots. Ça fait aussi penser  à une pub pour un parfum de Cacharel. Bon, là, ce n'est ni un film, ni un parfum – quoi que... – mais la nouvelle cuvée de la famille Meyer.(on me dit dans l'oreillette que c'est un hommage à la p'tite dernière, Louise). Comme il est écrit en contre-étiquette : il est "issu d'un millésime particulier riche de hasards heureux". Comprenne qui pourra. Ce qui est sûr, c'est que LouLou est en effet très particulier (ou particulière ?) : je crois avoir bu/vu pas mal de choses dans ma vie d'amateur de vins, mais c'est la première fois que je bois/vois un assemblage PG + PN. Comprenez Pinot Gris + Pinot Noir. Peut-être suis-je un peu tordu, mais je l'aurais plutôt imaginé en "blanc de noirs/gris". Ici, c'est du rouge. Enfin, presque.

En effet, la robe est pour le moins troublante (c'est le cas de le dire) : elle fait "jus de fraise cuite", hésitant entre rouge, orange/tuilé et rosé ... et elle est trouble, donc. Cela ressemble aussi à un  : Bourgogne rouge en fin de vie que vous auriez remué juste avant d'ouvrir... Pour être honnête, elle est plutôt inquiétante pour un buveur de vin "classique", mais probablement excitante pour un pilier de bar à vins nature ;-)

Le nez rassure en nous ramenant sur des odeurs connues ... et agréables : cerise rouge, rose, écorce d'orange (voir fleur d'oranger), épices douces, terre humide pétrichor...  Mousseron, ajoute le chef.

La bouche est ronde, ample, caressante, avec une matière d'abord vaporeuse puis moelleuse/pulpeuse mais toujours dans un registre très léger, effleurant. L'ensemble est tendu par un fil invisible, sans que l'acidité ne saille.

Celle-ci apporte son grain de sel dans une finale tonique, gourmande, très marquée par la griotte, et qui se conclut sur une mâche finement crayeuse évoquant la rose et le sel*.

Malgré donc un visuel plutôt négatif, le nez et la bouche sont des plus positifs. Ce vin a illuminé mon après-midi. Et ce n'était pas du luxe, vu qu'on était dans la grisaille humide... Eric R. a trouvé qu'il était marqué nature. Moi, pas trop, et pourtant, je suis sensible à cela. Alors nature, peut-être, mais le nature que j'aime : libre et pur, sans entraves. 

Je l'ai regoûté ce matin, au moment où j'écris ces lignes : la toute fin de la finale fait un peu plus nature dans un sens que j'aime moins. Mais tout le reste n'a pas bougé d'un iota. Il me semble donc tout de même préférable de l'ouvrir ... et de le boire dans les heures qui suivent l'ouverture. Ça ne devrait pas être trop difficile.
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* cette signature "rose et sel" étant celle de la Romanée-Conti, vous avez l'occasion de faire rêver vos convives en servant ce vin à l'aveugle. Peut-être s'imagineront-ils boire durant quelques minutes le mythe absolu ?...


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